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223 éléments trouvés pour «  »

  • Covid-19 et Systèmes alimentaires, "Manger au temps du coronavirus" - Bulletin de Partage 3

    Pour ce troisième numéro du bulletin de partage de l’enquête “Manger au temps du coronavirus”, nous couvrons la période du 7 avril à 12 heures au 21 avril à 12 heures. Ce bulletin s’appuie sur l’analyse de 138 contributions reçues à travers le formulaire en ligne et de 18 autres par d’autres canaux (réseaux sociaux ou échanges directs), ainsi que sur des apports issus de 61 articles de presse. Nous sommes amenés à améliorer régulièrement notre formulaire de remontée d’informations. Ne vous étonnez donc pas si notre page évolue, à la fois pour assurer le respect le plus scrupuleux de la confidentialité des données mais aussi pour susciter des contributions auprès de profils ou de professions peu représentées jusqu’à présent. Nous ne prétendons pas à la représentativité dans notre enquête et savons que les répondants sont majoritairement des personnes intéressées par les questions alimentaires. Nous devons toutefois être plus précis et une description générale de la diversité des répondants sera diffusée prochainement. Dans ce bulletin, nous vous proposons déjà une carte de France Métropolitaine, réalisée par Doriane Guennoc (Terralim) situant la commune de résidence de toutes les personnes qui nous ont répondu de façon complète (à la date du 21 avril). Notons que nous avons également une réponse de Mayotte qui n’est pas indiquée. Nous constatons à travers cette carte qu’une grande partie du territoire est couverte, même si la localisation de notre équipe à Rennes et à Montpellier renforce la participation dans ces régions où le nombre d’enquêtés dans la ville centre s’élève respectivement à 35 et 8. Les retours d’expérience proviennent aussi bien de territoires ruraux dont les lieux indiqués sont “maison de campagne sans voisins”, “mas isolé” ou encore “petite épicerie d'un petit village rural” que de zones urbaines et péri-urbaines où les enquêtés indiquent témoigner sur ce qui se passe “chez moi, dans mon appartement, en ville”, dans un “pavillon de banlieue” ou bien “un supermarché”. Au 21 avril, nous disposions au total de 430 remontées d’expériences via le formulaire, de 257 articles de média référencés, et de 135 autres sources. Ce corpus nous permet désormais de commencer à formuler des hypothèses et des pistes à creuser pour l’après-confinement. Nous inaugurons avec ce numéro l’inclusion d’un éclairage d’expert sur la question des limites de l’action des communes au regard des règles nationales. Il s’agit de Luc Bodiguel, directeur de recherche au laboratoire “droit et changement social” du CNRS. En parallèle, l’espace covid-19 et systèmes alimentaires s’enrichit. Une première analyse lexicométrique (quels mots reviennent souvent, liés à quels autres ?) est disponible, des ressources en ligne sont signalées, et la rubrique “éclairages” se développe. Après un premier regard sur la restauration privée, un second vient éclairer le cas des plateformes de distribution situées en Occitanie. A venir, les résultats d’une enquête réalisée auprès des agriculteurs urbains professionnels et une analyse des conséquences de la crise sur les systèmes agricoles et alimentaires dans les îles de l’Atlantique. Nous relayons des éclairages proposés par des acteurs autres que ceux qui forment notre équipe, n’hésitez donc pas à nous adresser les vôtres à animation@rmt-alimentation-locale.org. A nouveau un grand merci à toutes et à tous pour vos précieux témoignages ! Pour nous proposer de nouveaux retours d'expériences, n'hésitez pas à remplir le formulaire à différents moments et à le faire circuler autour de vous : Questionnaire Ce 3ème bulletin se compose de 9 rubriques : Une stabilisation des pratiques alimentaires, des inquiétudes à moyen terme Dans les foyers, la lassitude commence à se manifester Des tendances qui se confirment en matière d'approvisionnement et d'implication Les chaînes alimentaires tiennent, avec réajustements et interrogations Des agriculteurs sous tension Des circuits courts toujours attractifs mais des interrogations pour la suite Les solidarités face à la détresse alimentaire des plus pauvres Le retour de la politique Crise et solutions à partager, pour maintenant et pour l'après Vous pouvez télécharger le bulletin dans son intégralité ici : Télécharger le bulletin de partage n°3 En savoir plus : www.rmt-alimentation-locale.org/covid-19-et-alimentation Nous contacter : animation@rmt-alimentation-locale.fr L’enquête “Manger au temps du coronavirus” a été initiée par des membres de l’Unité Mixte de Recherche Espaces et Société (C. Darrot, G. Maréchal), avec le cabinet coopératif Terralim (B. Berger, V. Bossu, T. Bréger, D. Guennoc, G. Maréchal, C. Nicolay), et les CIVAM de Bretagne (A. C. Brit), grâce à la stimulation du Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Belle-Île en Mer (G. Février) et l’association Fert'Île de Bréhat (F. Le Tron). Le bulletin de partage n°2 est rédigé collectivement par : Akermann G. (Inrae), Berger B. (Terralim), Bodiguel L. (CNRS), Brit A.C. (FR CIVAM Bretagne), Chiffoleau Y. (Inrae), Darrot C. (Institut Agro), Grimonpont A. (Greniers d'abondance), Lallemand F. (Greniers d'abondance), Maréchal G. (Terralim), Nicolay C. (Terralim), avec l'appui de F. Egal (Réseau des politiques alimentaires) et de D. Guennoc (Terralim), et sous la coordination éditoriale de Chiffoleau Y., Darrot C et Maréchal G. Sa réalisation est appuyée techniquement par Brit A.C., Lecouteux C., Muller T. et Peyrin F. L'initiative est soutenue par le RMT Alimentation locale, S. Linou, consultant résilience alimentaire, le Centre d'Etudes et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales à Lille (S. Makki), l’association Résolis (H. Rouillé d’Orfeuil, M. Cosse) et H. Torossian, consultante en sécurité civile et résilience. Avec le soutien financier de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Date d’édition : 27/04/2020

  • Bulletin de partage 3 - Crise et solutions à partager, pour maintenant et pour l'après

    La crise bouleverse les systèmes alimentaires mais fait aussi émerger solutions, innovations, actions collectives, intéressantes dès à présent et/ou pour l’après-crise. Rapide synthèse des bons plans à partager et peut-être à prolonger. Cette rubrique est aussi la vôtre, envoyez-nous des idées ! Tout d’abord, pensons à ceux que la crise fragilise encore davantage : la rubrique « Les solidarités face à la détresse alimentaire des plus pauvres » présente différentes actions possibles, en France et à l’étranger, pour aider les personnes en difficulté à s’alimenter; ne pas oublier les étudiants, parfois en grande difficulté à quelques pas de chez soi. Suite à la fermeture des marchés, certains consommateurs regrettent de ne pas avoir les coordonnées des producteurs auprès desquels ils s'approvisionnent d’habitude et se promettent de prendre les contacts des producteurs après la crise : “je ne trouve pas normal que les marchés avec des producteurs locaux et souvent bio ne soient pas accessibles. Je n'ai pas leur contact direct je ne peux pas les joindre directement pour me ravitailler et les soutenir. C'est ma note pour le futur, avoir tous les contacts des producteurs et pas seulement connaître leurs emplacements de marchés” (consommatrice de Rennes, 10 avril). La manipulation d’argent suscite des inquiétudes chez les consommateurs : quand le paiement à l’avance en ligne n’est pas possible, favoriser un paiement sans contact, par chèque, proposer des prix ronds (1 croissant = 1 euro…) pour éviter d’avoir à rendre la monnaie. Les groupements d’achat entre voisins se multiplient et permettent notamment de passer commande auprès d’un producteur et/ou d’un commerçant qui ainsi rentabilise sa livraison : pourquoi pas vous ? Des producteurs utilisent les cartes ou plateformes informant les consommateurs des producteurs situés près de chez eux ou livrant à domicile ou dans des points retraits pour monter des dispositifs collectifs de vente ou bien mutualiser les livraisons avec des collègues. Des agriculteurs doubles actifs, qui ont aussi souvent un pied en ville, aident leurs collègues à trouver des lieux de vente ou des groupements d’achat en ville. Des consommateurs, des acteurs associatifs, des agents de collectivités s’impliquent dans le traitement des commandes et l’organisation des distributions afin de soulager les producteurs et leur permettre de passer plus de temps sur leur ferme, tout en aidant à sécuriser les lieux et moments de distribution. Des producteurs mais aussi des consommateurs de circuits courts communiquent dès maintenant sur les valeurs associées au circuit court pour informer et fidéliser les nouveaux clients arrivés pendant la crise ; a minima ils récupèrent leurs adresses mail, pour garder le contact (voir Des circuits courts toujours attractifs mais des interrogations pour la suite) Des structures de développement agricole et rural mais aussi des acteurs directs des circuits courts, situés dans la même région, se rencontrent pour se rassurer, partager des bonnes pratiques, prendre des idées. Ceux qui étaient déjà en réseau en mesurent l’intérêt. L’échange avec les pairs est utile et rassurant dans une période de crise comme celle-ci. Cela donne envie à certains réseaux de renforcer les moyens de communication internes après la crise, pour poursuivre ces échanges et favoriser la réactivité. Les acteurs des structures de vente faisant face à une demande de plus en plus importante mettent en avant l’intérêt d’essaimer leur type de structure dans différents territoires, plutôt que de grossir. Pour proposer de nouvelles observations cliquez ici. Présentation du Bulletin n°3 Article précédent : Le retour de la politique |

  • Bulletin de partage 3 - Des agriculteurs sous tension

    La réorganisation majeure imposée aux dispositifs de distribution se répercute sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les agriculteurs doivent faire face dans l’urgence à la réorganisation de leurs débouchés. Certains domaines suscitent des inquiétudes comme les filières longues en production animale et en fruits et légumes. A l’échelle locale, les producteurs orientés vers les circuits courts sont sur-sollicités et doivent arbitrer leur temps et leurs productions entre une réponse à la demande immédiate démultipliée et l’anticipation de leur saison productive. Filières longues, industrie Au cours de cette quinzaine, la presse a relayé significativement des alertes sur les répercussions du confinement sur l’organisation des filières alimentaires industrielles. L’enjeu de la main-d’œuvre saisonnière migrante à remplacer a d’abord mobilisé le devant de la scène, avec deux types d’informations : l’appel à des volontaires nationaux à travers l’opération « des bras pour ton assiette » lancée par le Ministère de l’agriculture à la demande du syndicat agricole majoritaire, initiative qui a reçu bien plus d’offres de volontaires (240 000 environ) que d’offres d’emploi des agriculteurs (moins de 100 000) (Mediapart, 18 avril) ; puis progressivement la reprise de charters de saisonniers d’Europe de l’Est malgré le confinement, avec des exemples évoqués par la presse en Grande Bretagne ou en Allemagne (Courrier International, 17 avril). La déstructuration des marchés agricoles percute la situation des producteurs livrant en circuits longs : les maraîchers livrant aux grossistes peinent à trouver des saisonniers pour les récoltes d’asperges et de fraises ; les agneaux de Pâques restent invendus dans les bergeries en raison de l’annulation des fêtes ; les laiteries demandent aux producteurs de limiter leurs productions : «Il faut absolument plafonner la production [laitière] en Europe et indemniser les producteurs», a déclaré Didier Guillaume (Le Figaro, 8 avril). Mis bout à bout, l’ensemble évoque progressivement l’amorce d’une crise du secteur alimentaire : La solidarité de proximité et la progressive porosité entre circuits longs et circuits courts s’organise ici et là : «Étant double active habitant en ville mais ayant une exploitation agricole, des amis agriculteurs m'ont dit qu'un producteur d'asperges était en difficulté. Du coup chose que je n'avais jamais faite auparavant c'est l'appeler alors qu'on ne s’est jamais vus mais à la campagne on est toujours là fille de… Et j'ai activé la recherche de solutions car ses principales ventes sont en Belgique avec les frontières fermées et la baisse de consommation c'est compliqué. Mise en lien avec la métropole où il y a beaucoup de demandes en circuits courts., un restaurateur actif sur les liens et la solidarité, et contacter mon cousin qui est là tête d'une cuisine centrale pour une entreprise de restauration collective”. (Agricultrice double active, 10 avril) En Europe, le Green Deal qui oriente l’agriculture vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement passe progressivement au second plan derrière l’urgence de réorganisation des marchés des produits agricoles : l’effritement des mesures en faveur de l’écologisation des pratiques, de la biodiversité, de la lutte contre la déforestation est d’ores et déjà à l’œuvre. En France, la presse relaie les controverses tendues entre d’une part les éléments de connaissance sur le fait que le virus est véhiculé par les particules fines notamment celles issues des épandages et traitements agricoles (Le Parisien, 6 avril 2020), d’autre part la récente décision du 30 mars du ministère de l’agriculture qui «a accordé une dérogation, faisant passer la ZNT (zone de non-traitement, NDR) de cinq à trois mètres dans les départements où une « concertation aura été lancée ». (Le Monde, 18 avril). Le 27 mars 2020, Air Breizh, chargé du suivi de la qualité de l’air en Bretagne, informe d’un épisode de pollution aux particules fines, inattendu en ce temps de réduction d’activité : “Cet épisode de pollution particulaire printanier résulte d’une conjonction de différents facteurs et notamment : ● des conditions météorologiques propices à l’accumulation des polluants (temps ensoleillé, conditions atmosphériques stables, vents faibles), ● des émissions locales de particules fines PM10 : dont principalement les activités agricoles (épandage et émissions d’ammoniac générant des particules secondaires) et le chauffage (dont chauffage au bois), ● de transferts de masses d’air chargées en particules en provenance du Nord-Est.” Producteurs en circuits courts Les producteurs en circuits courts affrontent aussi des difficultés organisationnelles liés aux systèmes de vente. Au premier plan, la limitation (en nombre de marchés, en nombre d’étals et de clients autorisés par marchés, et en fréquentation) des marchés de plein vent a engagé producteurs et consommateurs à s’organiser avec d’autres solutions. Au marché, « il n'y avait qu'un seul stand... celui du boulanger bio d'Essé ! D'après lui, les autres exposants habituels (notamment maraîchers) ont beaucoup de boulot en ce moment, et écoulent peut-être toute leur marchandise par d'autres canaux (paniers, etc.) à tel point que ça ne vaudrait plus le coup pour eux de venir sur ce marché... ? Pendant les 10 mn que je suis resté causer avec le boulanger qui se sentait bien seul, je n'ai vu aucun autre client (pratique pour les distances de sécurité qui souvent ne sont pas respectées sur les autres marchés...), et je suis du coup reparti avec 2 kg de pain mais sans légumes… » (Cesson Sévigné, 35, 6 avril) Les drives ont pris leur essor, mais également la vente à la ferme où les producteurs proposent parfois à leurs voisins de venir déposer des produits pour enrichir l’offre. La vente à la ferme était en relative stabilité avant le confinement en raison du temps nécessaire pour aller s’approvisionner : ce facteur temps disponible permet justement aux consommateurs de retrouver un intérêt pour cette solution. La fréquentation de toutes les solutions de vente directe se démultiplient spectaculairement, appuyée par des outils numériques : La fréquentation de notre site bonplanbio.fr, référençant les points de vente de produits bio près de chez vous, a été multipliée par 5 au mois de mars. Le 9 avril, nous avons eu autant de visiteurs sur le site que sur tout le mois de février. Certains producteurs disent avoir multiplié leur nombre de clients par deux (ce qui est parfois embêtant pour les maraîchers puisque c'est un peu la période creuse pour les légumes). Le nombre d'abonnements hebdomadaires à notre page Facebook a lui aussi été multiplié par 3 ou 4 au début du confinement. (animatrice de développement, 17 avril, Finistère) Entre début avril et le 15 avril, entre 2 et 6 appels journaliers de nouveaux clients dont nous n'avions jamais entendu parler avant la "crise" du COVID-19. Ceux-ci voulaient savoir si nous vendions des légumes à la ferme ou bien en système drive. Nous leur répondions à chaque fois que notre vente du samedi était autorisée par commune/préfet et que nous la maintenions. (…) On peut penser qu'avant le COVID-19, ces personnes ne consultaient pas les plateformes répertoriant les productions locales ( maraîcher Finistère, 16 avril) Marché à la ferme hebdomadaire chez moi à Vernou. Habituellement 50 familles, depuis 3 [semaines] = 220 familles. Les produits vendus sont tous Bio et locaux. Tous.les.nouveaux clients sont du village de St Quirc ou de Cintegabelle (5km). (11 avril - 09700) Cependant ces solutions ne sont pas infaillibles. Les produits peuvent manquer pour fournir cette demande démultipliée : Heureusement, j'avais pris les devants en allant le vendredi chez une productrice qui regroupe la vente à la ferme donc changement de circuit pour moi avec certains producteurs qui restent les mêmes et d'autres non. Mais cette productrice un peu débordée a dû organiser un rationnement (1kg de pommes de terre par famille, 3 grosses carottes par famille...) pour que tout le monde soit satisfait.) (Morlaix 4 avril, consommateur) A chaque appel, nous précisions également que ce n'était pas la période idéale pour se fournir en légumes locaux car nous étions en plein "creux du maraîcher". Nous avons noté que ces nouvelles personnes, clients potentiels de la ferme, ne devaient pas être au fait des saisons et des légumes qui viennent avec (maraîcher Finistère, 16 avril) Les solutions de repli vers des modalités de vente locale réinventées ne sont pas toujours immédiates ni suffisantes : Moi-même apicultrice depuis 4 ans, j’ai espéré qu’avec le confinement, des moyens soient mis en place pour aider au développement des circuits courts. Résultats : des collègues paysans, dont des jeunes agriculteurs en installation, se retrouvent en grosse difficulté de trésorerie et cherchent par leurs propres moyens et leur imagination de nouveaux circuits de commercialisation comme des drives fermiers soutenus par la chambre d’agriculture de Lozère (10 avril) L’organisation du travail à moyen terme et le maintien d’un équilibre économique se profilent comme des enjeux délicats pour l’ensemble de la période à venir : Il ne faut pas trop de monde en même temps : ça va vite d’être débordé, de devoir garer les voitures, gérer l’afflux de travaux aux champs : à jour ; les oignons à planter » (un agriculteur bio du Morbihan à propos des ventes à la ferme, 14 avril) Pour les producteurs que j’accompagne, le quotidien ne change pas, ou très peu (moins d'interactions sociales ou de visites), mais ils sont pénalisés par le manque de main d'oeuvre (chantier participatif annulé ou woofers absents par exemple), les ruptures de stock des pépinières et l'annulation de certaines sources de financement comme des concours de projet agricole durable. (conseillère en agroforesterie basée à Paris, 18 avril) J’ai fait ma petite enquête auprès de notre paysan boulanger : il va devoir, au rythme qu'on lui demande, racheter de la farine et en Bretagne il n'en trouve plus ! (Consommateur Ile-et-Vilaine, 16 avril). Il est difficile de convaincre les producteurs eux-mêmes de maintenir un équilibre entre leur travail de production et le maintien du contact avec les mangeurs. Il serait fort dommage que leur activité en pâtisse dans les mois à venir alors qu’il faudrait saisir ce tournant de la résilience des systèmes alimentaires (réaction d’une chargée de développement à un post, 11 avril). Pour proposer de nouvelles observations cliquez ici. Présentation du Bulletin n°3 Article précédent : Les chaînes alimentaires tiennent avec réajustements et interrogations | Article suivant : Des circuits courts toujours attractifs mais des interrogations pour la suite

  • Bulletin de partage 3 - Dans les foyers la lassitude commence à se manifester

    Alors que les routines alimentaires se sont installées au cours des 3 premières semaines de confinement, un sentiment de lassitude apparaît. La répétition à l’identique des tâches alimentaires est vécue comme pesante dans certains foyers. Les routines alimentaires s’inscrivent dans la durée... La chronique des quatrième et cinquième semaines du confinement s’inscrit dans la continuité de la quinzaine précédente. Les routines sont installées, et parfois de façon très stricte “2 repas équilibrés à faire par jour, viande 3 fois par semaine, poisson 1 fois par semaine, œufs 1 fois par semaine. Augmentation de la fréquence d'achat des produits frais (légumes/fruits/fromage/pain)” (famille de 6 personnes en milieu rural, 9 avril). Les évolutions du régime alimentaire persistent “depuis la mise en place du confinement l'attitude de mon conjoint vis à vis de l'alimentation a évolué : il mange principalement des pâtes (alors que franchement il y a des options fraîches), moi je fais super attention à ce que je mange, car je ne veux pas grossir” (consommatrice en Occitanie, 16 avril). L’alimentation et la cuisine continuent à jouer leur rôle de lien, au sein des familles “on se rend compte de l'importance de la nourriture, qu'on se regroupe autour du repas afin de rigoler et d'échanger sur comment on se sent, de quoi on a besoin…” (consommateur d’Ille et Vilaine, 10 avril) ou entre voisins “entre voisins nous avons partagé des plats qu’on avait chacun préparés… en posant les plats sur le devant de la porte de chacun ou sur le mur de clôture… cela c’est fait spontanément, chacun quand il cuisinait en partageait avec un voisin et souvent en échange le voisin faisait passer des œufs, de la confiture” (consommateur en Auvergne, 10 avril). Les bonnes résolutions continuent à s’affirmer: “je suis de fait végétarienne depuis le début du confinement et pense conserver cette habitude après le déconfinement car je m'aperçois que la viande ne me manque pas” (consommatrice parisienne, 18 avril). La période d’après le confinement commence à hanter les esprits “se pose alors la question avec l'apparition de premières carences sur ces mêmes produits de savoir si nous pourrons en bénéficier dans des quantités suffisantes et à des prix abordables dans les semaines à venir [...] Le doute de ce qui se profile est d'autant plus fort étant donné les interrogations souvent évoquées de la capacité limitée d'autonomie alimentaire des villes et les restrictions qui peuvent en découler.” (consommateur de Bretagne, 18 avril). … mais commencent à peser La nouveauté vient sans doute de l’expression d’une lassitude face aux routines. Les discours enthousiastes ou fatalistes sont désormais tempérés par d’autres qui décrivent “le sentiment de ne jamais sortir de l’obligation de cuisiner” ou “d’avoir à toujours y revenir” (entretien privé avec des personnes en Bretagne, Rhône Alpes, Pays de la Loire, le 16 avril), en particulier dans des familles ou cette “obligation” se superpose à d’autres, comme la surveillance et l’éducation des enfants. Au point que plusieurs personnes de ce même échange collectif soulignent le recours, par elles ou des proches, à des commandes auprès de restaurants ou traiteurs pour casser la routine, chose qu’elles ne faisaient pas, ou moins, avant. Les bornes inhérentes à la crise, qui restreint les choix, ajoutent à cette fatigue “aussi je me rends compte qu'avant le confinement je pouvais choisir ce que je mettais dans mon assiette, aujourd'hui après 5 semaines de confinement cela n'est plus totalement le cas” (consommatrice d’Occitanie, 16 avril). Le souvenir du “bon vieux temps d’avant” taraude certains “avant le confinement, bien que j'essaye un maximum de cuisiner (végétarien) chez moi, je mangeais tout de même au moins 4 ou 5 fois par semaine hors domicile (déjeuner dehors autour du bureau, afterwork en semaine, restaurant le week-end). Le confinement ne m'a donné d'autre choix que d'arrêter cette consommation extérieure (principalement motivée par des raisons sociales, puisqu'en confinement, je ne commande pas à emporter)” (consommatrice parisienne, 18 avril). Ce qui a pu être un plaisir au début, attisé par la nouveauté, devient une contrainte “je me force pour les fruits et légumes pour ma santé” (consommateur isolé en région parisienne, 17 avril) “nous arrivons à tenir bon, malgré le temps que cela prend, avec une alimentation saine” (couple en télétravail en région parisienne, 18 avril). L’observation de comportements comparables autour de soi attise la lassitude, comme cette consommatrice d’Occitanie qui note le 16 avril lors d'achats dans un magasin bio qu’elle fréquente d’habitude que “le personnel semble fatigué et usé. Je ressens une ambiance lourde. Quand je rentre, je me sens mal, fatiguée”. Pour proposer de nouvelles observations cliquez ici. Présentation du Bulletin n°3 Article précédent : Une stabilisation des pratiques alimentaires, des inquiétudes à moyen terme | Article suivant : Des tendances qui se confirment en matière d'approvisionnement et d'implication

  • Bulletin de partage 3 - Une stabilisation des pratiques alimentaires, des inquiétudes à moyen terme

    Cette quinzaine marque le fait que le contexte sanitaire a un effet structurant sur les modes d’approvisionnement. Nous notons également l’apparition d’une certaine prise de recul après les bouleversements apparus suite au confinement. Après une stabilisation des habitudes prises en urgence, s’ouvre maintenant une séquence sur le moyen terme avec des constantes sur la polarisation des modes d’achat et sur la place des maires, ainsi que des questionnements ou des positionnements sur l'évolution du modèle alimentaire. Tendance qu’il s’agira d’observer à moyen terme, la polarisation des modes d’approvisionnement semble se confirmer avec des supermarchés très sollicités notamment à travers les services de drive et des circuits courts alimentaires qui atteignent leur meilleur niveau. L’interrogation est forte sur la pérennité de ces habitudes, cette question nécessitera une observation fine de terrain à moyen terme. La logistique résiste pour le moment assez bien à cette ruée vers l’alimentaire, dense et soudaine. De manière générale, nous notons la capacité des acteurs à répondre de manière réactive à cette situation exceptionnelle. Les volumes nécessaires de denrées alimentaires et les ajustements sanitaires sont mobilisés tant en circuits courts que dans les filières industrielles. Le moyen terme inquiète davantage. En effet, cette troisième période est marquée par l’émergence des préoccupations autour de questions et initiatives plus globales et de long terme. La presse et quelques témoignages commencent à rendre compte d’inquiétudes concernant les failles de la production et des marchés alimentaires : l’impossibilité de récolter (faute de main d’œuvre) ou de commercialiser (faute de demande, d’intermédiaires ou d’autorisation) les produits agricoles et alimentaires interroge. Les pertes par gâchis ou faute de débouchés structurés se révèlent progressivement, le revenu et l’organisation du temps et des débouchés des agriculteurs sont progressivement mis en tension. Du point de vue social, les demandes adressées à l’aide alimentaire se démultiplient aussi. Des inquiétudes croissantes au sujet des précaires, des personnes à bas revenus, des migrants s’expriment, notamment au sujet de leurs enfants : l’arrêt des repas à la cantine suscite des difficultés pour assurer aux enfants 100% des repas à domicile. Ce sont les premières victimes socio-économiques de la réorganisation du système alimentaire et du confinement. D’une manière générale, les attitudes de solidarité autour de l’alimentation (regroupement des courses entre voisins, aide aux personnes âgées, commandes groupées aux agriculteurs locaux), exprimées dans la proximité du village ou du quartier, se confirment comme une caractéristique forte de cette période de confinement. Pour présenter les solutions mises en œuvre par les producteurs pour réorganiser leurs débouchés face à la fermeture des marchés (livraison, retrait à la ferme…), nous avons reçu quelques témoignages directs, complétés de nombreux retours de consommateurs qui se font « porte-parole » de la situation des producteurs. Ces derniers témoignent également de liens avec de nouveaux clients ce qui réinterroge leur façon de communiquer. Les opérations de solidarité se poursuivent dans ce contexte (voir la rubrique solidarités), tant à l’égard de ces populations précaires que des agriculteurs et artisans proches géographiquement, dont les consommateurs essaient de maintenir le revenu tout en améliorant leur propre mode d’approvisionnement. Le temps personnel libéré par le confinement confirme en effet très nettement la tendance générale, exprimée dans les nombreux témoignages reçus, à cuisiner davantage, à rechercher des produits frais, sains et de proximité. Si ces choix soutiennent nombre de producteurs, grâce à des initiatives individuelles ou collectives de distributions locales improvisées ou renforcées, elles mettent en tension certaines filières : la farine manque pour la préparation domestique du pain qui devient une pratique régulière, l’offre en fruits et légumes locaux se montre également limitée puisque avril est aussi une période « de césure » entre deux années productives pour les maraîchers. Pour tous les modes d’approvisionnement alimentaire, la montée en puissance de considérations sanitaires est un facteur clé dans le choix du lieu ou du mode d’achat (drive, commerce de proximité, achat direct à un producteur, livraison à domicile…). L'effectivité de mesures comme le port de masques, le respect de distance sociale ou le temps d’exposition renforce certains dispositifs d’approvisionnement dans un contexte de réduction des possibilités (par exemple fermeture de certains marchés ou épiceries). L’impact commence à se faire sentir avec des dispositifs alimentaires locaux qui voient leur fréquentation multipliée par trois voire même cinq, des constats de prix en augmentation dans certains circuits, des temps d’attente plus importants. Ce contexte s’accompagne d’une montée en puissance de la politisation de la question alimentaire (voir la rubrique 9), avec des interpellations des élus (suggestion de Projet Alimentaire Territorial dans des zones où il n’y en avait pas, proposition “Nourrir Lyon autrement”...), des manifestes (IPES Food, appel d’un groupe de seize membres de l’académie d’agriculture…), montage de groupes citoyens. Deux sentiments complémentaires s’expriment : d’un côté une certaine lassitude et de l’autre un appel à une réflexion sur l’après-crise, souvent pour proposer une réorganisation en profondeur du système alimentaire fondée sur la proximité. En parallèle, des organisations émergent pour comprendre les impacts alimentaires dans le cadre de la crise et les réponses associées. Pour garder en mémoire les événements, des acteurs de certains territoires, comme les îles de l’Atlantique, s’organisent progressivement avec des chercheurs pour comprendre les enseignements à travers une observation fine basée sur des témoignages et des retours d’expériences sur la durée. On observe une démultiplication d’opérations, pour le moment peu coordonnées, de suivi des évolutions du système alimentaire, parfois auprès de populations ou activités précises : Régions de France, grandes villes (France Urbaine en lien avec Résolis), chambres d’agriculture, Fédération des agriculteurs biologiques tentent par exemple de recueillir témoignages et données sur les enjeux agricoles et alimentaires à leur échelle. Le rôle des pouvoirs locaux incarnés par les élus et les maires en particulier s’affirme comme fondamental, ils retrouvent une marge de manœuvre. Le niveau communal est très sollicité autour de 2 grands thèmes : - la résolution de problèmes pratiques comme le secours alimentaire pour les familles à bas revenu - la question des marchés. Les territoires ruraux sont considérés par certains de leurs habitants mais aussi des urbains comme des espaces sécurisants et potentiellement dynamiques. Pour proposer de nouvelles observations cliquez ici. Présentation du Bulletin n°3 | Article suivant : Dans les foyers, la lassitude commence à se manifester

  • Offre d'emploi CoopCircuits : support utilisateurs, communication, développement de la communauté

    L'association Open Food France, membre du RMT Alimentation Locale, a accompagné la création de la SCIC CoopCircuits, qui va porter à partir de maintenant l'activité de mise à disposition en accès SAAS (software as a service) de la plateforme open source Open Food Network. La SCIC proposera aussi des services d’accompagnement et de formation pour les acteurs des circuits courts. L'association soutient ainsi la construction d'une plateforme coopérative permettant aux producteurs, transformateurs, distributeurs professionnels ou associatifs, de cogérer l'outil support de leur commercialisation en circuit court. Elle espère aussi contribuer à l'invention de modèles économiques vertueux en accompagnant la création d'un acteur économique coopératif du secteur "marchand", qui sera en mesure grâce aux revenus qu'il générera de réinvestir dans le commun qu'il utilise, le logiciel open source Open Food Network. Pour la mise en place des activités de CoopCircuits, la SCIC recrute une ou plusieurs personnes pour trois missions : - le support des circuits courts utilisateurs de la plateforme - la communication (construction du site internet CoopCircuits, lettres d'information, etc.) - le développement de la communauté d'utilisateurs de la plateforme et accompagnement des utilisateurs potentiels. Plus d'infos et lien vers l'annonce sur le blog d'Open Food France. Crédits Photos : Open Food France

  • Atelier Praticiens -chercheurs, La concertation dans la mise en place des PAT - 06/07

    Atelier Praticiens-Chercheurs, La concertation dans la mise en place des Projets Alimentaires Territoriaux Mise à jour : report au Lundi 6 Juillet 2020 à Lyon Les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) visent à mettre en cohérence les besoins, opportunités et contraintes des différents acteurs d’un territoire dans le champ de l’alimentation. Parmi les différents modes de participation pouvant être mis en œuvre pour atteindre cet objectif, la concertation invite les parties prenantes à co-construire une stratégie agricole et alimentaire pour leur territoire. Elle peut ainsi conduire à un meilleur ancrage du PAT dans le paysage local et à tisser de nouveaux liens entre acteurs. Cependant, il est nécessaire de s’interroger sur les conditions permettant aux processus de concertation d’aboutir à ces résultats. Organisé par COMEDIE (www.comedie.org), ce séminaire de réflexion et de production, à destination des porteurs de projets, accompagnateurs de démarches participatives et chercheurs, s’appuiera sur les expériences des participants dans leur diversité pour dégager collectivement des enseignements sur la mise en œuvre de la concertation dans les PAT. Comment la concertation est-elle menée ? Avec quels résultats ? Quels sont les leviers permettant la mobilisation de différents acteurs et leurs apprentissages ? Quels sont les freins à la co-construction de PAT ? Le séminaire visera à apporter des éléments de réponse en appui à l’élaboration d’un guide pratique sur la concertation pour les porteurs de PAT. Avec les interventions de : Frederic Wallet (INRAE-Agroparistech - membre du RMT Alimentation Locale), Fanny Crouzet (commune de Seyssinet-Pariset), Maud Simonet (commune de Seyssins) et Pauline Lattuca (ALEC Montpellier Métropole). Programme à venir Plus d'informations : http://www.comedie.org/les-rencontres/ Inscription gratuite mais obligatoire : https://forms.gle/W31NczcJ9zy1X9sz5 Contact : Marie Pagès-Gold, Union Régionale des CPIE AuRA Retrouvez les événements du RMT et de ses partenaires dans l'agenda du RMT. Vous pouvez nous faire part de vos actualités, événements ou offres d'emploi à l'adresse : animation@rmt-alimentation-locale.org

  • Covid-19 et Systèmes alimentaires, "Manger au temps du coronavirus" - Bulletin de Partage 2

    Nous vous proposons ici le deuxième numéro de notre bulletin de partage sur l’enquête “Manger au temps du coronavirus”. Nous adoptons un rythme de parution toutes les 2 semaines, pour un temps indéterminé, en espérant “tenir la distance”. Ce bulletin couvre donc la période allant du mardi 24 mars à midi (fin de la première semaine de confinement) au mardi 7 avril à 12 heures (quelqu’un ayant réussi l’exploit de nous expédier une contribution à 11 heures 59 !). Nous prenons en considération 216 retours d’expérience par le formulaire en ligne, 38 par d’autres voies (réseaux sociaux, courriels) et avons dépouillé 95 articles de presse. Nous constatons dans les retours toute l’importance des réseaux et de la communication : la diffusion au sein du réseau des AMAP a provoqué rapidement des réactions, une mention de l’enquête dans “le Monde” a suscité d’autres types de témoignages. Globalement, nos contributeurs sont principalement des mangeurs, déjà intéressés par les questions d’alimentation et qui souvent avaient fait des choix assumés sur la qualité et l’origine locale de leur alimentation. En cela, le profil des répondants n’est pas représentatif de la population. Nous recueillons toutefois aussi des témoignages de mangeurs “intermittents” des circuits courts, s’approvisionnant surtout en supermarché et qui prennent conscience de l’importance de l’alimentation. Plus largement, nous cherchons dans le texte qui suit à prendre en compte des témoignages moins fréquents, en particulier ceux des professionnels de l’alimentation qui ont toute leur importance, ainsi qu’à porter l’attention sur les innovations porteuses de solutions utiles à partager. Un grand merci à toutes les personnes qui ont pris le temps de nous transmettre leurs retour d'expériences, vos témoignages nous sont précieux ! Pensez à nous faire connaître les évolutions que vous observerez par la suite pour nous aider à construire les prochains bulletins. Vous êtes surtout des consommateurs et des producteurs à nous avoir répondu. Nous serions heureux de pouvoir enrichir les bulletins suivants par des contributions soumises par d'autres types de profil. N'hésitez pas à partager ce bulletin et le questionnaire autour de vous ! Nous recherchons particulièrement des témoignages concernant la restauration collective et les solidarités. Questionnaire Ce nouveau bulletin se compose de 8 rubriques : Des modes de consommation renouvelés, une mobilisation créative... Des habitudes de crise s’installent dans les foyers Faire ses courses au temps du confinement Difficultés et adaptation des chaînes alimentaires longues et courtes La reconfiguration réactive des circuits de proximité La vulnérabilité au cœur de la solidarité alimentaire Les communes au cœur de l’action Tendances et perspectives Il est également possible de télécharger le bulletin dans son intégralité ici : Télécharger le bulletin de partage n°2 Quatre grands éléments ressortent de la lecture des témoignages : · les contributions reflètent pour la plupart une certaine sérénité face à la crise alors que la première semaine témoignait surtout de craintes, de questionnements, d’incertitudes face à une situation jugée préoccupante, voire chaotique, comme l’attestaient les stockages massifs, même si beaucoup de consommateurs déclarent toujours raisonner leurs achats de façon à éviter les contaminations ; · les retours se concentrent sur 2 thèmes centraux : ce qui se passe dans les foyers (régime alimentaire, pratiques culinaires) et au niveau des pratiques d’approvisionnement, ce qui renseigne alors également sur ce qui se passe dans les lieux d'approvisionnement ; · les répondants témoignent du rôle croissant des collectivités, en particulier du niveau communal ; · les témoignages montrent comment chacun, mangeur, producteur, professionnel de l’alimentation... s’adapte, sort de ses routines, innove, seul ou plus souvent avec d’autres. En complément de ce bulletin, les contributions recueillies entre le 15 mars et le 7 avril ont également fait l’objet d’une analyse lexicométrique semaine par semaine : il s’agit d’analyser les contributions recueillies à l’aide d’un logiciel qui permet de réaliser une analyse statistique d’un corpus de texte (fréquence des mots, surreprésentation, coocurence…). Les résultats sont consultables dans la rubrique « Analyse des remontées ». En savoir plus : www.rmt-alimentation-locale.org/covid-19-et-alimentation Nous contacter : animation@rmt-alimentation-locale.fr L’enquête “Manger au temps du coronavirus” a été initiée par des membres de l’Unité Mixte de Recherche Espaces et Société (C. Darrot, G. Maréchal), avec le cabinet coopératif Terralim (B. Berger, V. Bossu, T. Bréger, D. Guennoc, G. Maréchal, C. Nicolay), et les CIVAM de Bretagne (A. C. Brit), grâce à la stimulation du Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Belle-Île en Mer (G. Février) et l’association Fert'Île de Bréhat (F. Le Tron). Le bulletin de partage n°2 est rédigé collectivement par : Akermann G. (Inrae), Berger B. (Terralim), Bodiguel L. (CNRS), Brit A.C. (FR CIVAM Bretagne), Chiffoleau Y. (Inrae), Darrot C. (Institut Agro), Grimonpont A. (Greniers d'abondance), Lallemand F. (Greniers d'abondance), Maréchal G. (Terralim), Nicolay C. (Terralim), avec l'appui de F. Egal (Réseau des politiques alimentaires) et de D. Guennoc (Terralim), et sous la coordination éditoriale de Chiffoleau Y., Darrot C et Maréchal G. Sa réalisation est appuyée techniquement par Brit A.C., Lecouteux C., Muller T. et Peyrin F. L'initiative est soutenue par le RMT Alimentation locale, S. Linou, consultant résilience alimentaire, le Centre d'Etudes et de Recherches Administratives, Politiques et Sociales à Lille (S. Makki), l’association Résolis (H. Rouillé d’Orfeuil, M. Cosse) et H. Torossian, consultante en sécurité civile et résilience. Avec le soutien financier de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Date d’édition : 10/04/2020

  • Bulletin de Partage 2 : Les communes au cœur de l'action

    Les élus communaux ont été fortement sollicités pour organiser la vie collective. Outre leur responsabilité sur la qualité sanitaire dans les marchés, ils ont été amenés à trouver des solutions pour des lieux de distribution, l’appui aux personnes fragilisées, l’information aux citoyens... Ils ont mobilisé, et ceux des autres collectivités avec eux, une grande diversité de partenariats. La quinzaine est marquée par la place importante prise par les collectivités, et tout particulièrement les communes, autant pour leur rôle spécifique que pour leur capacité de mise en relation des acteurs. Les élus communaux se sont retrouvés en première ligne pour le maintien ou la fermeture des marchés, propulsés au centre des préoccupations. Or, dans une note du 31 mars, France Urbaine estime que “si la rédaction du décret [sur la fermeture des marchés] mentionne clairement la possibilité donnée aux maires de demander des dérogations, c’est bien le préfet qui a le dernier mot. [...] Pour une même situation, les réponses apportées par le préfet peuvent être différentes. Certains préfets ont pu indiquer que les dérogations concernaient seulement les zones rurales et les villages, excluant de fait toute demande de dérogation en milieu urbain”. Cette incertitude est confirmée par les remontées de terrain, qui mettent en évidence la gêne des maires : “suite à l'interdiction des marchés au niveau national, la Maire [...] n'a pas demandé de dérogation pour son marché. Elle évoque pour cela plusieurs raisons : - en l'état, le marché ne peut être maintenu car plus de 60 commerçants alimentaires. - choisir entre ces commerçants de façon arbitraire et dans l'urgence risquerait de créer des incompréhensions et des tensions au sein d'une "communauté de marché" qui pour l'instant fonctionne bien mais qui est déjà complexe à gérer. La Maire anticipe l'après-confinement. - mettre en place une autre organisation nécessite une ingénierie technique pour appeler chaque commerçant, expliquer la démarche, etc... ingénierie technique que ne possède pas [...], contrairement à la ville de Rennes qui a pu mettre plusieurs de ses services sur l'organisation de ses marchés.” (consommateur, 2 avril, Ille et Vilaine) 3 jours après, changement de posture du Maire qui a [...] demandé une dérogation pour ses 2 marchés. Les marchés sont devenus un sujet important, terrain de luttes d’influence : “Suite à l'annonce de l'interdiction des marchés, décision du Maire [...] de ne pas demander de dérogation pour ses 2 marchés [...]. Suite à cette décision, interpellation du Maire par certains de ses conseillers municipaux, par un interlocuteur local de la Confédération Paysanne et par l'AMAP elle-même pour dire qu'elle regrettait cette interdiction. 3 jours après, changement de posture du Maire qui a [...] demandé une dérogation pour ses 2 marchés.” (membre d’une AMAP en Ille et VIlaine). Des témoignages font part du rôle important des mairies pour assurer la sécurité sanitaire “L’organisation des stands du marché couvert ont été délimités et la circulation revue. La sécurité est assurée par la police municipale. [...] Traitement de la situation plus sécuritaire qu’à la supérette juste en face.” (consommateur, Eure-et-Loir) ou le soutien économique aux producteurs : à Lyon “ suite à la fermeture des marchés, la mairie de la Croix Rousse en partenariat avec l'association du marché de la Croix Rousse et l'association de commerçants accompagne les producteurs locaux pour qu'ils puissent continuer à livrer les habitants du quartier en produits frais malgré la suppression du marché quotidien”. Des réunions ont rassemblé des acteurs peu habitués à travailler ensemble, dans un processus décisionnaire à court terme : Etat en région, collectivités, organisations de producteurs, commerçants… Des organisations comme la chambre d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes ont formalisé un argumentaire pour la réouverture des marchés et nous avons nous-même pu constater la mobilisation de collectivités qui nous interrogeaient. Une petite chaîne de relais s'est organisée pour que quelques familles du quartier plus en difficulté puissent en profiter. Il semble qu'aucun produit n'ait finalement été perdu, une satisfaction. Comme déjà cité, les mairies ont aussi pu être (ou pas) facilitatrices : “réorganisation d'une livraison en AMAP en respectant les mesures de confinement et les gestes barrières : la livraison est délocalisée en extérieur avec autorisation de la mairie’ (consommatrice en Meurthe-et-Moselle). Un membre d’AMAP de Rennes révèle que “la Ville a distribué ces produits autant qu'elle pouvait à l'aide alimentaire mais il en reste. Un appel a été passé dans les AMAP et asso de quartier pour donner ce qui reste. J'ai organisé une distribution dans mon AMAP (avec gestes barrière) : 180 yaourts, 130 crèmes, 30 boites de 8 omelettes distribués en deux jours. Une petite chaîne de relais s'est organisée pour que quelques familles du quartier plus en difficulté puissent en profiter. Il semble qu'aucun produit n'ait finalement été perdu, une satisfaction”. Tous les niveaux de collectivités, intercommunalités, départements, régions, Parcs Naturels Régionaux, pays, se sont engagés pour la diffusion de l’information, en lien avec la société civile, les agriculteurs, les commerçants… Une sélection de sites sur notre espace numérique en témoigne. Cette profusion peut donner aujourd’hui une impression de confusion et d'empilement, en alourdissant les sollicitations auprès des producteurs au point que “nous avons des producteurs qui nous demandent d'être enlevés des sites de géoloc des offres car ils n'ont plus de produits en vente ou assez de clients pour les écouler. Surtout vrai pour légumes.” (agent de chambre régionale d’agriculture) Des relations inédites ont été tissées. Par exemple, entre producteurs et consommateurs “mise en place de point de vente multi-producteurs dans les fermes. Aide des "consommateurs" pour l'organisation, la gestion” (association Lororico! Haute-Garonne). Des collaborations se sont également nouées entre producteurs et commerçants locaux, comme à la Croix Rousse citée ci-dessus, ou des GMS. Le texte diffusé sur Facebook par l'Intermarché Mirecourt est révélateur d’une volonté de nouer de nouvelles relations sans nier les divergences : “AVIS À TOUS LES PRODUCTEURS LOCAUX Nous lançons un appel mais aussi une main tendue à tous les producteurs régionaux, locaux, prenez contact avec nous.... Nous ne travaillons peut-être pas ensemble habituellement mais aujourd'hui c'est l'occasion de le faire. [...] Nous ne pourrons peut-être pas tout acheter mais nous sommes à votre disposition, à votre écoute pour trouver une solution d'écoulement de votre marchandise. Alors n'hésitez pas, contactez nous, faites nous part de vos besoins et nous serons présents. Mettons de côtés nos différents et montrons à tous que nous sommes capables d'être solidaires et de trouver des solutions intelligentes pour tout le monde”. Autre exemple avec le lycée agricole de Carpentras : des clients curieux et surpris de trouver à l'entrée d'un lycée agricole une boutique avec autant de diversité en produits locaux L’action de l’Etat et ses services est par contre interrogée : “ L'annonce faite par le ministre de l’agriculture [pour recruter de la main d'oeuvre temporaire dans l’agriculture] a suscité des émois. [...] Les agris veulent se protéger et leur famille, s'ils tombent malades, c'est l'entreprise qui risque d'être en péril ! Ils risquent de passer plus de temps à former du personnel pour une période très courte qu'à faire le travail eux-mêmes. On voit bien que ce genre de choses devraient être prévues en amont de la crise, avec des lieux, structures adéquates, des encadrements, des consignes, …” (consommateur sur île d’Yeu). Pour proposer de nouvelles observations : https://framaforms.org/appel-a-retour-dexperience-manger-au-temps-du-coronavirus-1584194374 Présentation du Bulletin n°2 | Article suivant : Tendances et perspectives

  • Bulletin de Partage 2 - La vulnérabilité au cœur de la solidarité alimentaire

    La solidarité pour les plus vulnérables s’organise et se structure dans cette période qui suit l’effervescence de la première semaine de confinement. Des procédures spécifiques et des circuits alimentaires sont désormais rodés. Dans le domaine des solidarités, nos réflexions s’appuient sur un nombre en légère hausse de remontées du terrain (15 contre 11 pour le bulletin 1), auxquelles nous avons ajouté des informations issues de trois réseaux traditionnels de solidarité. Seul l’une des personnes ayant répondu au questionnaire pense qu’il n’y a “pas de petits réseaux de solidarité près de chez elle” (Consommateur, 27 mars, Bourgogne Franche Comté). Les retours que nous avons reçus mettent en lumière l’importance des formes de solidarité pour les plus vulnérables (v. infra), élément présent à l’occasion du bulletin de partage n°1 mais de façon moins prégnante. De nouvelles entrées apparaissent, mais elles restent isolées : La détresse alimentaire a notamment été illustrée par un homme qui a « menacé de se rendre au supermarché muni d’un fusil pour faire ses courses, faute d’avoir les moyens suffisants pour subvenir aux besoins alimentaires de sa famille » (Ouest France, 05-04). Nous n’avons pas reçu de retour sur la solidarité « au champ », pourtant largement médiatisée à propos du besoin de main-d’œuvre (Le Monde, 7 avril et la rubrique « Difficultés et adaptation des chaînes alimentaires longues et courtes » de ce bulletin). Seule a été mentionnée l’action de « Mes Producteurs mes Cuisiniers » et des « Maîtres Cuisiniers de France » qui tentent de mettre en relation les chefs et les producteurs ne sachant pas comment distribuer leurs produits (02 avril). La mutualisation d’achats est certainement une pratique qui se diffuse à l’image de ces témoignages : “Nous partageons les coordonnées de plusieurs commerçants avec notre famille afin de nous faire livrer ou passer commande” (consommatrice, 31 mars, Ile de France) ; “Nous mutualisons des achats avec nos voisins” (Membre d’une association visant à créer un Terres de Liens, 6 avril, Bretagne). L’échange alimentaire : “Je pense à présent maintenir cette habitude de faire mon propre pain, et certainement d'en faire partager mes amis car lorsqu'on s'y met autant en faire une certaine quantité” (femme de 32 ans, artisan, 28 mars, Bretagne). Soulignons, qu’aucun retour ne porte sur ce qui se passe « en magasin », ni dans les GMS, ni chez les détaillants. Pourtant, toutes les grandes enseignes prévoient un dispositif offrant aux soignants et/ou personnes âgées un accès prioritaire à la commande en ligne et à la livraison à domicile. Il suffit d’aller sur les sites correspondants. Priorité donnée aux personnes les plus vulnérables : qui agit, comment, pour qui ? Sans que l’on puisse généraliser, la solidarité pour les plus vulnérables ou les plus exposés n’est pas toujours au rendez-vous. Les “personnes sans domicile menacées par la maladie mais aussi par le confinement” en pâtissent (Slate, 2 Avril). Les personnes âgées et les soignants n’en bénéficient pas toujours : au marché, “Il y avait une queue extrêmement longue, de plusieurs dizaines de personnes, à l’ombre, le long du boulevard. Les personnes âgées, en voyant la queue, faisaient demi-tour. J’ai trouvé ça dommage qu’on ne les laisse pas passer en priorité, eux pour qui tout est difficile en ce moment. En même temps, d’autres personnes demandaient l’indulgence des agents de surveillance de la voie publique, comme le personnel soignant, mais ils expliquaient ne pas avoir de consignes pour faire des exceptions” (Consommatrice, 2 Avril, Bretagne). Au regard des remontées d’informations et de quelques recherches sur internet auprès de trois réseaux de solidarité, on ne peut que confirmer que la solidarité pour les plus vulnérables ou les plus exposés n’est pas systématique et généralisée sur le territoire (même s’il existe des mots d’ordre en ce sens en provenance du gouvernement). Elle résulte d’actions plus ou moins spontanées de communes, de groupes, de réseaux, d’organisations non gouvernementales autour de la fourniture de repas ou produits alimentaires, mais aussi de particuliers (voir rubrique bulletin 1 « Organisation collective de livraison de repas ou produits alimentaires »). Soulignons aussi les « appellations » diverses de la vulnérabilité - « personnes les plus vulnérables » ; « personnes sans possibilité de se déplacer » ; « pour les plus fragiles » ; « personnes en situation de précarité » - qui correspondent à des publics divers : personnes âgées (Plus de 70 ans ? moins ?), personnes sans domicile, soignants, malades (du coronavirus ?), entreprises en difficulté… Parmi ces formes de solidarité, on trouve divers acteurs qui conduisent des actions de solidarité, en collaboration ou non : Un groupement de producteurs bio qui propose de passer commande et de livrer à domicile les « personnes les plus vulnérables » (consommateur, 28 mars). Une famille : “Nous nous sommes proposés afin de faire les courses d'une voisine âgée” (consommatrice, 31 mars, Ile de France). Des communes et communautés de communes : Vichy Communauté met à disposition un numéro vert au bénéfice des « personnes sans possibilité de se déplacer » pour faire des courses et les leur livrer (3 avril, ville de Cusset). Progressivement, la ville de Rennes a décidé de gérer “directement, via la cuisine centrale, l’approvisionnement en repas de différents lieux, notamment d’hébergement” des sans-abris, une partie des quartiers restant « couverts » par des ONG (Secours populaire, Croix rouge, Restos du cœur). “D’autres associations organisent des maraudes pour distribuer des denrées aux personnes à la rue”. La ville de Rennes a également mis à disposition des associations deux écoles pour que des kits alimentaires y soient préparés, récupérés sur place ou livrés par les bénévoles associatifs (Cadre technique, ville de Rennes 35000, 02-04). Il semble aussi que Rennes ait distribué des produits achetés pour la cantine centrale arrivant à la DLC (yaourts bio, crèmes caramel, portions d'omelette) dans le cadre de l’aide alimentaire (membre AMAP, 1 Avril, Rennes, 01-04 ; v. infra « réseau »). Selon le site des Petits frères des pauvres, à Saint-Maur-des-Fossés (94), 200 agents de la mairie auraient effectué 215 portages de courses alimentaires et de pharmacie pour des personnes vulnérables (personnes âgées, isolées ou handicapées) et une initiative similaire aurait été poursuivie à Béziers (34) (Petits Frères de Pauvres, Les meilleures initiatives pour faciliter la vie des personnes âgées pendant le coronavirus, 08-04). Ces exemples semblent refléter une réalité de terrain : nombre de communes agissent et/ou collaborent avec des ONG et/ou renvoient purement et simplement à ces ONG ; d’autant plus lorsqu’elles ont (dû ?) fermer leur CCAS (Adhérente d’AMAP, 2 avril, Ile de France). Des organismes institutionnels L’AGIRC-ARRCO (qui gère la retraite complémentaire des salariés du secteur privé) propose actuellement une « Aide à Domicile Momentanée », pour les plus de 70 ans (en temps normal 75 ans) : “Cette aide est uniquement dédiée aux courses (…), évaluée avec le bénéficiaire à hauteur de 5h. maximum par semaine” (Agirc-Arrco, 3 avril). Des réseaux déjà organisés Les AMAP sont généralement actives. Ainsi, à Rennes, suite à la distribution de produits susmentionnés (v. supra « communes »), les restes ont été pris en charge par les AMAP et associations de quartier qui ont organisé la distribution : une “petite chaîne de relais s'est organisée pour que quelques familles du quartier plus en difficulté puissent en profiter. Il semble qu'aucun produit n'ait finalement été perdu, une satisfaction” (membre AMAP, 1 avril, Bretagne). Le réseau Cocagne coordonne également une grande diversité d’actions. Il propose des livraisons à domicile de Paniers Solidaires « pour les plus fragiles » et « à destination de personnes en situation de précarité », en collaboration avec les CCAS ou des associations. Sont également organisées des distributions exceptionnelles dans des circuits d’aide alimentaire, tels que la “livraisons de fruits et légumes frais pour les distributions d’aide alimentaire qui en manquaient cruellement”. Là encore, la collaboration est d’actualité : “avec les partenaires historiques tels que Secours Catholique ou Secours Populaire ou au travers de nouvelles collaborations avec les banques alimentaires directement.” Mentionnons aussi le développement d’épiceries itinérantes ou de ventes ambulantes de produits bio et locaux, notamment dans “les secteurs dépourvus de commerces de proximité” ou dans les “zones isolées”, ainsi que des “appels aux dons de produits non périssables auprès des réseaux d’adhérents pour fournir une antenne Caritas ayant des difficultés d’approvisionnement” et l’” accélération des partenariats avec les autres producteurs locaux, développant des systèmes d’entraide ou de vente à la ferme collectifs” (Réseau Cocagne, 8 avril). D’autres réseaux opèrent pour d’autres « vulnérabilités ». C’est le cas des Epis (Castelforain, de la Vallée, de Jouars-Pontchartrain et des Loges en Josas) qui ont décidé d’aider un chocolatier en grande difficulté du fait de l’absence de vente à l’occasion des fêtes de Pâques (30 mars, Village de Châteaufort, Yvelines). Dans le même ordre d’idée, même si le réseau paraît ici plus informel, suite à l'arrêt des marchés, “quelques forces vives en contact avec des producteurs, qui sont aussi actives sur le comité de quartier et dans les réseaux locaux (…) relaient les propositions des producteurs”, les jours de livraison et les points de collecte chez l'habitant (consommatrice, 27 mars, Bretagne). Ce type d’initiatives (autres exemples dans la rubrique “Faire ses courses au temps du confinement”) permet d’éviter la fermeture de certains services, comme il semble que cela soit arrivé à la « bio chez vous » (entreprise livrant des fruits et légumes bio à domicile) (Consommatrice, 4 avril). Des ONG Nous les avons déjà citées à de multiples reprises en raison des collaborations qu’elles entretiennent avec des communes et d’autres réseaux. La Croix-Rouge française a également lancé un dispositif d’écoute et de livraison solidaire pour les personnes vulnérables en situation d’isolement social (La Croix Rouge Française, 20 mars). Les Petits frères des pauvres développent des partenariats avec des entreprises et des communes, et participent par exemple à équiper les Ehpad de tablettes et logiciel adaptés aux personnes âgées qui “ont pourtant cruellement besoin de lien social pour illuminer leur journée et ne pas se laisser mourir de solitude” (Les Petits frères de pauvres, 8 avril). Enfin, le Secours populaire annonce qu’il prend “contact individuellement avec les plus fragiles, avec les personnes que nous avons déjà aidé par le passé.3 Il propose, sur rendez-vous, une mise à disposition de produits (colis alimentaires de dépannage, produits d'hygiène), assurée par des « équipes d'intervention solidaire”. Par exemple, “Le comité de Ris-Orangis prépare des colis d'urgence et appelle les familles une par une pour venir les chercher. (…) Lundi 6 avril, 50 familles ont [ainsi] pu bénéficier de la distribution alimentaire”. Cette solidarité en provoque une autre : les bénévoles du Secours populaire “ont eu l’agréable surprise de recevoir un colis contenant des produits alimentaires et d’hygiène, issu d’une collecte réalisée par les habitants du quartier Grand Bourg” (Secours Populaire, 7 avril). Pour proposer de nouvelles observations : https://framaforms.org/appel-a-retour-dexperience-manger-au-temps-du-coronavirus-1584194374 Présentation du Bulletin n°2 | Article suivant : Les communes au cœur de l'action

  • Bulletin de Partage 2 - La reconfiguration réactive des circuits de proximité

    Face à la fermeture des marchés, les différents modes d’approvisionnement en circuits courts de proximité ont dû se reconfigurer dans l’urgence. Leurs acteurs ont démontré une grande capacité d’adaptation couplée à une créativité qui a permis l’éclosion de nombreuses initiatives. Le recentrage des habitudes vers le quartier ou la commune, notable pour le commerce de proximité, s’est aussi traduit par une recherche de produits d’origine locale. Le secteur des circuits courts s’est trouvé confronté à une situation inédite à cause de la disparition précoce des commandes de la restauration privée et collective, puis des marchés. Il est remarquable que peu de mentions soient faites des premières, alors que les seconds, débouché majeur économiquement, ont agité toute la période. Un consommateur du Puy de Dôme en est conscient : “Les agriculteurs en circuit court qui vendaient au marché, ainsi que les petits commerçants sont très très pénalisés.” Alors que certaines communes ont choisi de maintenir les marchés, mais avec moins d’exposants et favorisant généralement les producteurs, certains territoires ne comptent plus aucun marché ouvert. Très rapidement, diverses stratégies ont été mises en place pour parer à la disparition des ventes sur les marchés : des transferts vers d’autres formes de circuits courts : des producteurs du Perche déclarent “suite à la crise du coronavirus et baisse de ventes sur Paris et sur les marchés, nous nous réorganisons pour développer la vente directe à la ferme.” Le système de drive ou la livraison collective de paniers sont particulièrement plébiscités, en mobilisant des outils numériques et les réseaux sociaux. des transferts vers des formes de distribution classiques mais de proximité : “il faudrait rouler au minimum 20 km, au delà de ce que nous autorise cette période de confinement, qui plus est seul au lieu de 4 par voiture d'habitude. A défaut d'alternative qui corresponde à nos modes habituels de consommation, nous nous approvisionnons... en "moyenne" surface” (consommateur “bio” des Ardennes). la création de nouveaux dispositifs de circuits courts : la crise a joué parfois le rôle d’accélérateur pour des projets qui couvaient ou de déclencheur en réaction aux contraintes. Elles émanent de toutes catégories d’acteurs. De producteurs : “livraison chez un particulier de production légumière commandée la veille, sous forme de paniers forfaitaires, pour le voisinage” (Côtes d’Armor) ou “lancement d'un drive de produits fermiers et bio à Crest, par un collectif de producteurs” dans la Drôme. De groupes mixtes : un client de l’Aisne a “proposé [à son fournisseur] de diffuser l'info auprès de mon réseau d'amis locaux en leur proposant une distribution, afin d'éviter qu'il y ait beaucoup de gens qui se déplacent en temps de confinement. Du coup, il a mis en place un système de pré-commande”, alors qu’à Caen “les clients réguliers de productrices maraîchères de la région ont pris contact avec elles pour organiser un système d'achat groupé en direct, avec livraison hebdomadaire. Le noyau du groupe est constitué des familles habitant l'habitat participatif les Zecobats, en banlieue de Caen. Il s'agit d'un système temporaire, visant à assurer la continuité des débouchés commerciaux de productrices bio locales privées de marché”. Mais aussi entre commerçants et producteurs, comme en Savoie “nous travaillons avec des maraîchers du bas de la vallée ce qui nous permet d'avoir des légumes locaux à minima”. la réorganisation pour respecter les mesures sanitaires : “Le marché Bio et Local de Vandoeuvre, Se transforme en « drive » sur le Parking du magasin de l’Eau Vive à Vandoeuvre” (Meurthe et Moselle), “Depuis aujourd'hui (03/04), elles ne vendent plus "en vrac". Il faut réserver des paniers et venir les récupérer” (Finistère), dans une AMAP de Romorantin “alors que nous avons un engagement pour des paniers légumes, nous avons proposé une commande de fruits. L'heure de récupération des paniers a été élargie à l'après midi pour éviter de se croiser”. Beaucoup de retours, en particulier de membres d’AMAP, soulignent l’extrême précaution prise pour respecter les exigences sanitaires, voire aller au-delà. Des témoignages décrivent des procédures extrêmement complètes et détaillées pour garantir la sécurité, comme des AMAP de Meurthe et Moselle “réorganisation d'une livraison en AMAP en respectant les mesures de confinement et les gestes barrières” ou d’Indre-et-Loire, malgré les contraintes “réorganisation des distributions en fonction du virus : la durée est passée de 1 h à 4 heures” (Vendée). On sent que ce soin extrême relève de la légitimation de pratiques parfois décriées, comme le signale un maraîcher “parfois, les placiers sont moins regardants, que les producteurs, pour le suivi des obligations. J’espère qu'il va y avoir reconnaissance de ce savoir-faire”. Les volumes de vente sont partout signalés comme plus importants, confirmation de la tendance relevée dans le premier bulletin. C’est le cas dans un magasin qui vend des produits bio et locaux dans le Rhône “nous avons multiplié notre chiffre d'affaires par 2,5 en moyenne depuis l'annonce du confinement (lundi 16 mars). Le panier moyen est passé de 20€ en semaine et 30€ le samedi à environ 35€ voire 40€ chaque jour de la semaine”. Les producteurs le constatent aussi en Ille-et-Vilaine “augmentation de la consommation de farine directement chez le producteur. La productrice nous dit être "débordée" par le nombre de clients particuliers, qui sont prêt à faire jusqu'à 50 km pour chercher de la farine”. Ce qui provoque de lourds impacts sur le travail “nous avons dû nous réorganiser radicalement pour absorber cette hausse : intégration de nouveaux producteurs dans la gamme, mobilisation de plus de monde pour la préparation des paniers, passage d'un jour de préparation des commandes et un jour de livraison à 3 jours de préparation et 2 puis 3 jours de livraison. Nos 3 secteurs de livraison habituels, tous desservis traditionnellement le jeudi, ont été répartis sur 3 jours de livraison distincts (mercredi, jeudi, vendredi)” (collectif de producteurs du Gard). Pourtant, un agent de développement note dans la Nièvre que “Les producteurs vendant à des intermédiaires (GMS notamment) souffrent par contre d'une baisse des ventes.” Cette augmentation de la demande provoque une tension sur les disponibilités, provoquant des déceptions chez les consommateurs “il n'y avait plus grand chose à vendre quand mon tour est arrivé (plus de radis, j'ai dû me rabattre sur des blettes et quelques carottes)” (Finistère) ou des craintes de rupture chez les producteurs “l'offre en légumes de conservation, il y en a pour dix jours pas plus" (maraîchers, Côtes d’Armor). Cette tension n’est pas liée qu’à la crise puisque la co-gérante d’une épicerie vrac de Savoie précise qu’elle “intervient à la période de l'année où il n'y a quasiment plus rien en fruits et légumes, il est très difficile de manger local”. La bonne résistance, en moyenne car nous avons aussi relevé la disparition d’un dispositif local, des circuits courts renforce l’attachement de leurs consommateurs “maintenant que la crise sanitaire est là, je me rends compte que dans ce contexte, le modèle de l’AMAP est le plus intéressant, peut-être le plus résilient” (Ardennes) même si “les adhérents viennent 1 à 1, il y a un peu de perte de lien social” (Vendée). Des producteurs bio des Côtes d’Armor affirment cette dimension reliante de l’alimentation qui règne selon eux dans les circuits courts “les vraies valeurs, c'est l'échange, avec des personnes qui produisent pour vous, des produits qui ont du sens, essentiels”. Enfin, les circuits courts et leurs producteurs ont été la première et principale cible des multiples sites de localisation et mise en relation lancés à l’occasion de la crise. Ils ont pu bénéficier des expériences antérieures des nombreux répertoires de producteurs lancés dans le cadre des projets alimentaires territoriaux (le terme lui-même étant peu cité). De façon plus artisanale, des groupes de citoyens ont réalisé des pages sur les réseaux sociaux. Plus original, à Narbonne une radio locale signale la “création d'une chronique donnant la parole aux producteurs locaux pour informer la population sur les solutions de vente directe sur 8 créneaux horaires quotidiens”. Mais “ces mises en relations en l'espace de 5 jours posent également la question de la logistique, de son optimisation et de l'organisation collective”, et certains producteurs demandent à être déréférencés par crainte de pénurie de produits ou d’excès de sollicitations. Cette rubrique s’ouvrait sur le choc que représentait la fermeture générale, sauf exception, des marchés. Il s’est aussi traduit comme électro-choc à dimension mobilisatrice puisque de nombreux producteurs, individuellement ou collectivement, ont su faire valoir auprès de leurs maires l’importance des marchés. Ils ont réalisé de véritables guides de plaidoyer, comme le document diffusé par la Chambre Régionale d’Agriculture de Rhône Alpes - Auvergne intitulé “La réouverture des marchés, une nécessité en Auvergne-Rhône-Alpes !”, dont les arguments ont inspiré d’autres plaidoyers. Pour proposer de nouvelles observations : https://framaforms.org/appel-a-retour-dexperience-manger-au-temps-du-coronavirus-1584194374 Présentation du Bulletin n°2 | Article suivant : La vulnérabilité au coeur de la solidarité alimentaire

  • Bulletin de Partage 2 - Difficultés et adaptation des chaînes alimentaires longues et courtes

    Si la première vague d’achats massifs est passée, les produits alimentaires de grande consommation sont encore très demandés et les ruptures d’approvisionnement sont régulières. Les acteurs de la production s’adaptent en conséquence, et doivent par ailleurs gérer les surplus résultant de la disparition des débouchés pour de nombreux produits. Les circuits d’approvisionnement se réorganisent, tissant de nouveaux liens entre acteurs. A l’exception de certaines filières, la production n’accuse pas encore de recul, mais l’ensemble du système alimentaire doit composer avec des effectifs réduits. Entre surplus et pénuries Le bouleversement des débouchés traditionnels et les changements dans les comportements d’achats et la consommation des ménages ont des conséquences très hétérogènes sur les filières alimentaires. De nombreux témoignages s’en font l’écho : “La pénurie d’œufs contraste avec les aliments prêts-à-manger qui s'amassent dans la gondole Zérogachis.” (consommatrice en supermarché, Pays de la Loire, 24 mars) “Le rayon frais (légumes en vrac et boucherie, fromagerie, poissonnerie à la demande) est complètement déserté par les clients et plein de produits. À l'inverse, l'ensemble des rayons frais sous vide sont dévalisés. Notamment les fromages, jambon et lardons, ainsi que le rayon salades et légumes préparés. La pire étant le rayon des œufs qui est intégralement vide. Le chef de rayon me précise que les 5 caisses livrées ce matin sont parties en 2 heures.” (consommateur en supermarché, Bourgogne-Franche-Comté, 26 mars) “Au bout d'une semaine de confinement, mon mari n'arrivait pas à trouver de farine dans les supermarchés du coin.” (consommatrice, Auvergne-Rhône-Alpes, 26 mars) “Le rayon de fromage râpé est totalement vide depuis plusieurs jours. Les étalages de fruits et légumes frais, en particulier bio, sont pleins.” (consommateur en supermarché, 27 mars, Centre-Val de Loire) Confrontées à des surplus devenus impossibles à écouler, certaines filières connaissent d’importantes difficultés économiques. La filière laitière en est un exemple emblématique : de nombreuses laiteries ont appelé les éleveurs à réduire leur production, en plein pic printanier (Le Figaro, 31 mars 2020). Paradoxalement, des produits laitiers de grande consommation sont fortement sollicités – tout comme la farine, les pâtes ou les œufs – et des pénuries touchent régulièrement les rayons. Des situations qui mettent en évidence la période de tension que traversent les acteurs en amont, notamment dans le secteur de la logistique. Alors que le niveau des stocks reste important à l’échelle nationale, les flux deviennent le facteur limitant. Les lignes de production se réorganisent et privilégient les standards de consommation retrouvés en grandes surfaces. La meunerie par exemple tourne à plein régime pour produire des sachets de farine de petit volume destinés aux ménages, cependant que la boulangerie artisanale connaît une chute importante de son activité (France 3 Régions, 5 avril 2020). Les efforts redoublent pour transporter les denrées depuis les usines vers les plates-formes logistiques puis vers les points de vente. Une intensification souvent confrontée aux retours à vide des camions, provoquant des coûts supplémentaires et des tensions entre les acteurs. La relocalisation des circuits d’approvisionnement et de distribution L’appel du ministre de l’économie Bruno Le Maire au « patriotisme économique » a été en partie entendu par la grande distribution. Certaines grandes surfaces renforcent leurs approvisionnements auprès de producteurs locaux, voire leur permettent de venir vendre directement sur place leurs produits. Plusieurs témoignages y font référence : “Cet Intermarché fait une campagne d'affichage sur l'orientation de son carnet de commande vers le producteurs locaux et français.” (consommateur, 2 avril, Nouvelle Aquitaine) “Le supermarché nous offre gratuitement un espace à l’intérieur où nous pouvons vendre nos produits comme dans un marché classique, avec notre propre caisse.” (productrice de fromage de chèvre, 3 avril, Auvergne-Rhône-Alpes). Mais la cohérence générale de ces démarches est parfois questionnée : “Je suis agacée par la publicité et les annonces des grands distributeurs (CARREFOUR, AUCHAN, LECLERC, ALDI....) qui profitant de la crise actuelle se déclarent respectueux envers les agriculteurs et disent leur venir en aide en les aidant à écouler les surplus de fruits et légumes. Mais continuent à vendre des produits exotiques ou hors saison (tomate, courgette...)” (consommatrice, 27 mars, Auvergne-Rhône-Alpes). Pour les grossistes, dont les débouchés en restauration hors domicile ont disparu, la distribution se reporte de différentes manières : vente directe, épiceries de proximité, grandes surfaces, dons aux associations (La Tribune, 31 mars 2020). Le marché d’intérêt national (MIN) de Rungis par exemple a mis en place un service de livraison directe auprès des ménages franciliens, tandis que de nombreux Promocash ouvrent leurs portes aux particuliers. En Loire-Atlantique, l’un des établissements de l’enseigne a mis en place un système de point relais entre les producteurs, restaurateurs locaux et consommateurs (Ouest France, 4 avril 2020). La main d’œuvre : une contrainte transversale Frontières fermées pour les travailleurs saisonniers, personnel malade ou vulnérable, gardant ses enfants ou exerçant son droit de retrait, le manque d’effectifs est un problème tout au long des chaînes alimentaires. Dans le secteur agricole, la dépendance à la main d’oeuvre étrangère a été particulièrement mise en lumière en début de confinement, avec l’appel du ministre de l’agriculture Didier Guillaume à rejoindre les champs. Deux semaines plus tard, au 1er avril, 200 000 personnes s’étaient inscrites sur la plate-forme “Des bras pour ton assiette”. Un succès, mais le nombre de travailleurs allant réellement apporter leur aide reste incertain. Les secteurs aval du système alimentaire sont eux aussi concernés par le manque d’effectifs. Dans l’agroalimentaire, l’absentéisme atteint 40 % dans les régions les plus touchées par l’épidémie (Le Figaro, 1er avril 2020). Il en serait de même pour la grande distribution d’après la CGT (Ouest France, 28 mars 2020). Dans ces conditions, les horaires sont revus à la hausse et plusieurs usines tournent la nuit et le week-end pour répondre aux fortes demandes sur certains produits. Pour proposer de nouvelles observations : https://framaforms.org/appel-a-retour-dexperience-manger-au-temps-du-coronavirus-1584194374 Présentation du Bulletin n°2 | Article suivant : La reconfiguration réactive des circuits de proximité

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