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Bulletin de partage 4 - Avant le déconfinement, une multitude d’initiatives dans les circuits courts

Les témoignages reçus sur cette période soulignent la multitude d’initiatives portées par les acteurs des circuits courts (agriculteurs, associations et citoyens). Celles-ci perdureront-elles avec le déconfinement ?

 

Une adaptation à nouveau soulignée des circuits courts face aux contraintes du confinement


Sur cette dernière période de confinement, les témoignages soulignent à nouveau les reconfigurations opérées par de nombreux acteurs des circuits courts qui ont fait en sorte de s’adapter aux mieux aux contraintes permettant un maintien des ventes, voire une augmentation de celles-ci comme souligné dans le précédent bulletin (BP 3 - Des circuits courts toujours attractifs mais des interrogations pour la suite). La contrainte majeure soulignée pendant cette crise étant celle de la fermeture des marchés sur certains territoires.


Agriculteurs

Acteurs centraux des circuits courts, la « capacité des agriculteurs à faire évoluer très vite leur circuit eux-mêmes (avec conditions favorables : déjà en vente directe, capital social élevé, compétences informatiques directes ou parmi les proches, etc) » (consommateur, Occitanie, 27 avril) a été remarqué par de nombreux clients, habituels ou non, de ces circuits.


On peut citer par exemple cette initiative d’organisation d’un marché :

« 3 primeurs et un producteur d’œufs se sont organisés entre eux pour faire face à la fermeture du marché du samedi à Belleville Sur Saône. Ainsi ils ont organisé dans l'enceinte du local d'un des primeurs un mini-marché autogéré avec une offre en fruits et légumes, viande et fromage. Via les réseaux sociaux dédiés aux initiatives locales, ils ont informé les consommateurs habituels du marché qui se rendent en masse les samedis matin. Par contre les autres producteurs vendant habituellement au marché et provenant d'un peu plus loin n'ont pas été intégrés à la démarche » (consommateur, Auvergne-Rhône-Alpes, 18 avril)


Associations

Les associations, déjà en place ou nouvellement créées, ont également joué un rôle clé pour permettre une adaptation des circuits courts et permettre de faire le lien entre agriculteurs et citoyen via des formes de ventes déjà en place ou adaptée.


Le témoignage du Marché d’Intérêt Local du Perche est une illustration de l’implication d’une association pour maintenir des débouchés pour les producteurs locaux et ouvrir les circuits courts à tous types de consommateurs :

« Nous sommes une association, le Marché d'Intérêt Local du Perche, constituée d'agriculteurs, citoyens et professionnels de la restauration. Notre activité depuis 4 ans consiste à développer l'approvisionnement en produits locaux, de qualité, dans la restauration professionnelle (collective et privée), par le biais d'une plateforme logistique (achat/revente) et d'actions de formation et de sensibilisation. Les restaurants privés et collectifs ayant dû fermer leurs portes depuis le début du confinement, nous avons subi une baisse très importante des commandes bien que les demandes des épiceries soient plus importantes. […] Cette baisse d'activité nous a laissé un peu de temps pour étendre notre service d'approvisionnement auprès des particuliers. Cela a nécessité la création d'un catalogue dédié (la demande n'étant pas la même de la part des particuliers, les conditionnements différents etc..), la mise en place d'une nouvelle plateforme de prise de commande en ligne (pourcentage de marge différent / module de paiement en ligne.) et bien sûr toute une réadaptation de notre organisation en interne : depuis la préparation des commandes chez le producteurs, à la récupération et le rassemblement des produits pour chaque commande de particulier, jusqu'à la livraison à domicile, sur tout le territoire du PNR du Perche. […] Nous avons tout type de clients "particuliers", tout âge, toute CSP, des locaux ou des parisiens en confinement sur le territoire. Certains découvrent ces produits et producteurs pour la première fois et opèrent un changement dans leur alimentation, d'autres y étaient déjà familiers. » (PNR du Perche, 3 mai)


Plusieurs témoignages, notent également la création d’AMAP (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), l’adoption de dispositions temporaires pour une commande-livraison à la demande en complément de l’abonnement ou de mise en place de distributions de paniers :

« Une amap s'est formée dans ma ville, ce à quoi j'ai hâte de participer et j'attendais avec impatience » (consommateur, Haute Normandie, 4 mai)

« Depuis le début du confinement et la fermeture du café associatif, l'association du Contrevent qui s'occupe du projet associatif du P'tit bar a décidé de poursuivre les distributions de paniers de légumes, de pain et de produits locaux mis en place depuis l'ouverture de l'épicerie le 7 octobre dernier. La demande de paniers de légumes a augmenté au point que nous refusons du monde encore aujourd'hui et sommes à la recherche d'autres producteurs ! Les fromages, miel, pain, poulets, farines, tisanes, galettes...etc. issus de circuits courts et proposés au P'tit bar ont un grand succès. Nous constatons un réel plaisir des villageois à venir à ce rendez-vous qui représente bien plus qu'un temps de consommation pure. » (bénévole, Bretagne, 29 avril)

D’autres ont contribué à l’ouverture de marché pour pallier les fermetures :

« Organisation d'un marché Pas touche à la salle des fêtes de Ramonville avec une distribution de produits locaux avec des producteurs qui ne trouvaient plus de débouchés suite à la fermeture des cantine, restaurant et marchés de pleins vents. Des mesures sanitaires strictes qui ont permis l'autorisation et la mise à disposition de la salle des fêtes municipales. Trois structures associatives ont organisé ce marché qui connaît depuis une fréquentation entre 150 et 200 commandes sur un outil de commande qui était utilisé en amont de la crise et qui a été développé spécialement pour la crise en vue de pérenniser les actions. » (consommateur, Occitanie, 29 avril)


Citoyens

Les citoyens ont également, individuellement, été porteurs d’initiatives, un témoignage est repris ici d’autres sont proposés dans la rubrique Locale, collective ou issue du jardin : des tendances qui s’affirment en matière d’alimentation :

Nous avions l'habitude de faire le marché du Dimanche mais celui-ci étant fermé nous nous approvisionnons différemment. Une voisine a contacté un vendeur de fruits et légumes afin qu'il vienne vendre dans notre copropriété, nous lui avons donc réservé quelques places de parking et il vient tous les Vendredi pendant 1h30. C'est très pratique pour grand nombre d'entre nous qui devait se rendre au supermarché faire 2h de queue. Certains voisins le trouvent cher mais à bien y réfléchir, étant donné que je cuisine tout, que rien n'est gaspillé et que je n'achète aucun produits alimentaires au supermarché (à part farine, lentilles et pâtes), je m'y retrouve.” (consommateur, Auvergne-Rhône-Alpes, 29 avril)


Un impact tout de même ressenti de la crise


Malgré les nombreuses initiatives présentes sur tout le territoire, la crise impacte tout de même de nombreux producteurs en circuits courts (voir La situation des agriculteurs et des chaînes alimentaires) et leurs clients.

La fermeture des marchés et leurs réorganisations, soulignée précédemment n’a pas toujours pu être compensée par des initiatives adaptées imposant à certains un changement de mode d’approvisionnement :


« Le marché de plein air de notre village a été interdit et l'autorisation de réouverture demandée par le Maire a été refusée par le Préfet à deux reprises, ce qui a eu pour résultat des files d'attente à l'allure soviétique à l'extérieur du magasin de primeurs On a parfois vu un seul marchand de quatre saisons sur la place le jour du marché, sans vraiment comprendre en quoi c'était différent d'un marché. » (consommatrice, Normandie, 3 mai).


« Habitant de centre urbain, 170 000, mes achats alimentaires étaient principalement aux marchés forains, l' "épicerie" en magasins bio (Biocoop, La Vie Claire, autres local), la boulangerie de (très grande) proximité (avec ou sans bio). La fermeture des marchés forains est une mesure particulièrement néfaste et contre-productive avec les prétentions à la re-localisation. » (consommateur, Auvergne-Rhône-Alpes, 5 mai)


« Je me rendais avant le confinement au marché de Villeparisis, le dimanche matin, pour acheter des légumes à des producteurs. Puis les marchés ont été fermés. Le marché de Villeparisis a été rouvert peu de temps après, avec la mise en place de nouvelles conditions d'accès. Les producteurs ont leurs étals dans la halle. Pour y accéder, plus qu'une seule entrée, avec contrôle des attestations par des policiers, puis obligation de suivre un parcours, le même pour tous quel que soit l'endroit de la halle où vous souhaitez vous rendre. Le deuxième dimanche où je m'y rends après l'instauration de ces conditions, une longue file d'attente près de l'étal de producteurs seine-et-marnais où je vais. Les deux productrices sont tellement la tête dans le guidon que lorsque je lui pose une question, celle qui me sert ne l'entend pas. Les échanges sont restreints au strict minimum. Je n'y suis plus retournée depuis. En effet, le troisième dimanche (le 2 mai), la file devant la halle m'a dissuadée d'y acheter des légumes. [..] Les nouvelles conditions de circulation et d'accès au marché sont tellement restrictives que j'éprouve de la réticence à l'idée de m'y rendre. » (consommateur, Ile de France, 9 mai)

Et maintenant ?


Ce bulletin prend en compte les témoignages jusqu’au début du déconfinement (11 mai 2020). A ce stade, les acteurs des circuits courts s’interrogent sur la pérennité des initiatives portées (en plus des interrogations liées à la production et aux enjeux de communication soulignés dans le précédent bulletin ) et les suites à donner.


Certains souhaitent ainsi maintenir des initiatives mises en place et complémentaires d’actions menées :

« Nous souhaitons pouvoir continuer ce service sur le long terme en opérant une économie d'échelle et un gain de temps en couplant l'approvisionnement pour les pro et pour les particuliers. Il se pourrait finalement que ce nouveau service nous aide à trouver un modèle économique viable et plus sécurisé sur le long terme et qu'il réponde à une demande locale. Un service de commande en ligne de produits locaux vient compléter l'offre déjà disponible sur le territoire au travers des magasins physiques (magasin de producteurs, ventes à la ferme, marché) et répond à un besoin et un usage différent. » (PNR du Perche, 3 mai – témoignage débuté plus haut)

Alors que d’autres souhaitent favoriser l’essaimage pour ne pas atteindre une taille trop importante :

« On n'a pas forcément envie de trop grossir mais plutôt aider à l'essaimage de notre système. Nous sommes prêts à soutenir des initiatives du même genre. » (Déclaration d’un consom’acteur dans un dispositif de vente sur site Ouest France, 6 mai)



Les prochaines semaines nous diront quelles initiatives perdurent et si le plébiscite des circuits courts se maintient pendant le déconfinement.


 

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