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Bulletin de Partage 2 - Tendances et perspectives

La quinzaine de confinement fait apparaître des tendances fortes : capacités d’adaptation, innovations, nouvelles solidarités… Même s’il ne s’agit pas ici de généraliser, la crise permet d’inventer de nouveaux possibles. Une question cependant, que se posent aussi les répondants à l’enquête : cela va-t-il durer ? Dans tous les cas, partageons ici les bons plans.


 

Tout d’abord, durant cette quinzaine de confinement, la fermeture des marchés a agi comme catalyseur pour faire éclore de nouveaux projets, adapter des pratiques existantes, nouer de nouvelles relations, qui à terme pourraient renforcer la diversité et l’ancrage de l’alimentation dans les territoires, à travers de nouveaux dispositifs de circuits courts en particulier. Elle a aussi démontré aux élus locaux le rôle moteur de cette forme de vente. Elle a soudé des communautés d’intérêts entre acteurs peu habitués à travailler de concert, dans les filières, dans les quartiers, dans les villages. Les AMAP ont affirmé leur rôle, étendu leur périmètre. Des citoyens peu ou pas engagés dans l’alimentation locale ont prêté main forte pour aider les producteurs à écouler leurs produits.

L’action de l’État et de ses services, toutefois, reste interrogée, à travers des témoignages qui regrettent le manque de prévoyance et d’anticipation pour l’État. Cet appel rejoint les propositions faites le 24 mars par la Sénatrice Françoise Laborde au Président de la République : “poser les bases d’une résilience alimentaire territorialisée, articulée à l’ordre public, accompagnée par un “État stratège et localement facilitateur” [...] transformer ce choc en opportunité en mélangeant des mondes qui se parlent encore trop peu (Défense, Sécurité Intérieure, Agriculture, Société civile, par exemple)”. A noter que Françoise Laborde, en collaboration avec un autre sénateur, Joël Labbé, avait soumis au Sénat en juin 2019 un projet de résolution sur “la résilience alimentaire des territoires et la sécurité nationale”, appelant à reterritorialiser une partie de l’agriculture et de l’alimentation : un projet que le Sénat a refusé le 12 décembre 2019.

Si la crise ouvre de nouvelles perspectives, une question émerge toutefois déjà chez les répondants à l’enquête: les pratiques et routines conservées ou adoptées pendant cette crise dureront-elles au-delà ? Certains l’affirment, d’autres assument une adaptation temporaire, certains y trouvent confirmation de leurs choix antérieurs. Dans beaucoup de cas, surtout, on note une affirmation, ou une prise de conscience du rôle clé de l’alimentation, sur la santé, sur le lien social.

Pour ma part, je pense que, suite au confinement, je retournerai au marché car la convivialité est aussi importante que les produits sains et locaux achetés”.

Consommatrice dans la Drôme, 27 mars

Depuis plus de 10 ans, nous fonctionnons en circuit AMAP avec producteurs locaux, en circuits directs et courts. Tout en faisant des compléments au marché et dans des supérettes locales. Nous avons maintenu ce mode de consommation en mettant en place les moyens pour conserver le lien avec nos producteurs. Nos choix de consommation antérieurs à la crise du Coronavirus nous confirment que ces choix étaient et restent les bons” (Ille-et-Vilaine, 6 avril).


La question des effets durables est également posée par le salarié d’un drive :

- Est ce que le coronavirus va modifier de manière durable les modes d’approvisionnement des français ?

- Est-ce que la peur du risque sanitaire prend le dessus sur les possibles engagements de consommation éthique des individus?”.

La durée du confinement permet à certaines pratiques de passer l’épreuve du test et de s’installer dans le temps. Certaines pratiques culinaires ont pu devenir routinières, mais résisteront-elles à l’épreuve d’un emploi du temps plus contraint après la crise ? Dans d’autres domaines, comme l’autoproduction, les résultats concrets ne peuvent pas être constatés immédiatement : si des convictions ou des envies peuvent être mises en pratique, elles seront ensuite confrontées à un contexte très différent : “ le temps disponible et la saison propice sont 2 facteurs encourageant le développement de la pratique [de l’autoproduction]” (consommateurs de l’Aude).

Enfin et à court terme, pour conclure, les témoignages font ressortir un certain nombre de “bons plans”, souvent mis en avant par les répondants eux-mêmes, et qu’il nous semble intéressant de partager :

  • Contacter les producteurs que l’on connaît (achats sur les marchés…) pour savoir si tout va bien pour eux, s’ils ont besoin d’un débouché et si oui, s’organiser avec ses voisins pour leur permettre un point de livraison groupé, les aider dans la gestion des commandes et/ou à faire respecter les gestes barrière lors de la distribution, en n’hésitant, pas d’ailleurs, à s’inspirer des bonnes pratiques mises en œuvre dans les AMAP (numérotation des commandes et définition du montant à payer à l’avance, mise en place d’un créneau horaire pour chacun, etc.);

  • S’organiser avec ses voisins pour lister les besoins de chacun en produits frais et secs, et continuer à faire vivre le tissu des commerçants de proximité: chacun va dans un commerce et achète pour les autres; on limite ainsi les sorties et les files d’attente et on récupère une diversité de produits frais, qui nous permettent de maintenir un régime sain et équilibré;

  • Lors des sorties, bien sûr quand cela est possible, ou bien dans son jardin quand on a la chance d’en avoir un, ramasser des plantes sauvages pour les consommer (orties, pissenlit, primevères, violettes, conopodes...) ; faire attention toutefois, se renseigner sur ce qui est comestible, via Internet ou des MOOC (modules de formation en ligne) disponibles sur ce sujet;

  • Enfin et surtout, veiller aux personnes âgées, isolées, vulnérables, proposer de faire leurs courses.

Nous enrichirons cette rubrique de “bons plans” à l’aide de vos témoignages, n’hésitez pas à nous les faire remonter pour que nous puissions les partager !



 


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